A cura di Luna Alessia Toscano è la traduzione in italiano di “Violences du silence” il video di otto donne Disabili francesi che ha scioccato l’opinione pubblica.
Trascrizione del parlato in lingua francese
Chantal
– Une jeune femme traduit en langue des signes la voix de Chantal dans différentes pièces d’une maison. –
Je m’appelle Chantal. J’ai cinquante ans. Je suis sourde. J’entends très mal. L’intérieur de ma tête bourdonne de mots malfaisants: «Sourdingue, folle, tu le fais exprès; tu n’entends que ce que tu veux». Mes enfants se moquent de moi; mon mari me bat.
Pourtant j’ai toujours voulu travailler. Quand je rentre le soir, mon mari me dit: «Voilà la sourde» . Et une gifle tombe, puis deux. Je ne comprends pas ce qu’il m’arrive.
Je fais les ménages, la cuisine. Je m’occupe de tout en plus de mon travail. Si le steak est trop cuit, il me donne un coup de pieds. Les enfants rirent. Mon fils est né me donnent des coups de poigne si je n’ai pas tout range comme il le veut. Je ne comprends pas. Je n’en peux plus.
L’autre jour je me suis rebellée. J’ai osé dire tout haut mon désespoir, ma révolte. Alors mon mari ma ceci par la tête, il a serré mon cou. J’étouffais: je ne pouvais plus respirer. Il serrait, il serrait. Il m’a laissée tomber par terre, Il criait: «Je vais t’étrangler, je vais t’étrangler chaque fois tu parleras!» , et en effet il a recommencé plusieurs fois.
Je ne pouvais en parler à personne. J’entends si mal. Personne ne me comprend.
Cecile
– Un femme perdent la vue dans un fauteuil roulant et poussée brutalement par un homme. –
Je m’appelle Cécile. J’ai trente ans. Je me suis mariée il y a deux ans avec Nicolas. Je perdais déjà la vue progressivement. Et puis on m’a diagnostiqué un myopathie : elle a eu une évolution rapide et très vite. Je me suis retrouvée en fauteuil.
C’était compliqué de gérer cette nouvelle façon de se déplacer et surtout d’accepter ce double handicap.
Je comptais sur Nicolas pour m’aider, mais lui il a changé. Je pense qu’il n’a pas supporté ce nouvelle handicap. D’abord distant, il est rapidement devenu odieux, violent, pervers. Sauf quand il y avait des gens autour de nous, alors il redevenait gentil comme avant.
Notre quotidien est très vite devenu invivable, des disputes éclataient pour un rien. Il morcelait, il hurlait sans cesse. Dans l’appartement, quand j’étais dans mon fauteuil, il me faisait tourner à toute vitesse et me lançait contre les murs. J’essayais de le retenir mais il était plus fort. Ça lui faisait beaucoup rire.
Il m’a battue souvent. Il a inventé des jeux quand nous étions à l’extérieur qui m’humilient. Par exemple, il a renversé plus d’une fois son Coca sur mes cheveux. Il partait en rigolant, me laissant seule dans la rue, trempée, désemparée, en pleurs… Autre exemple, dans une rue en pente, il attrapait mon fauteuil et le lançait dans la descente. Je hurlais de peur. Ou encore quand je voulais rentrer à la maison, il prenait mes clés et les jetait au loin ou les accrochait en hauteur. Impossible pour moi de les attraper. Aujourd’hui je voudrais divorcer et je pense que je ne peux pas.
Elsa
– Une femme de petite taille marche dans la ville. Elle croise la foule. –
Je m’appelle Elsa, j’ai quarante ans. Je mesure un mètre vingt (1,20 m). Je suis achondroplasique, la forme la plus courante du nanisme. Les transports en commun sont pour moi mon pire calvaire. Entre les infrastructures obsolètes non adaptées à ma petite taille en particulier et au handicap en général, la connerie, l’égoïsme et l’incivilité des gens, la violence est permanente. Dans le métro, personne ne me voit. J’existe pas, je suis invisible. Je suis bousculée, piétinée, sans compter les coups de coude, les coups de pied, les coups de sacs à dos. Et même si je manifeste, si je crie, si je râle, tout le monde s’en fout. J’étouffe, je suffoque. Aux heures de pointe, je suis écrasée, aplatie, la figure coincée contre la porte la porte qui s’ouvre et se ferme à chaque station . Le tout dans la plus totale indifférence. J’ai mal. Un jour, sur le quai du métro, un grand mec baraqué m’a saisi sous les bras, m’a soulevé de terre puis m’a jeté en l’air. Il riait fort. Personne n’a bougé. J’étais terrifiée. Il a jeté une naine en l’air comme lors des séances de lancer de nains. Je suis restée tétanisée sur le quai. L’agression au quotidien, c’est ça. C’est l’indifférence des gens face aux personnes handicapées ou en position de faiblesse. Tout me rappelle à chaque fois que…non… Définitivement je ne suis pas comme les autres.
Karima
– Une jeune femme posée dans un fauteuil roulant regarde la télévision. Il pleut dehors. –
Je m’appelle Karima, j’ai presque dix-neuf ans (19). Je suis handicapée. Je marche très difficilement, je vois très mal et j’entends mal. Je n’ai jamais retenu le nom de cette maladie. Je vivais chez mes parents, mais ils ne s’occupaient pas de moi. D’ailleurs, personne ne s’occupait de moi. Je restais toute la journée dans mon fauteuil, posée devant la télé ou dans ma chambre, à ne rien faire. Mon père répétait à qui voulait l’entendre qu’avec moi, le mauvais œil s’était abattu sur la famille. Que j’aurais mieux fait de crever à la naissance. J’aimais bien manger, mais on me privait de nourriture pour peser moins lourd quand mes frères me portaient pour sortir. Je suis partie pour trois mois au bled avec mon père. Tout le monde a été très attentif. Toutes et tous se sont beaucoup occupés de moi. Tous les jours j’étais lavée, parfumée. Je me sentais comme une petite reine, persuadée d’être belle. La contrepartie: tous les jours les hommes de la famille, cousins, neveux, oncles, frères me faisaient “l’amour”, comme ils disaient. En fait, ils me violaient. C’était dur… J’avais mal. On a appris aux plus jeunes comment faire. J’ai beaucoup pleuré. Je n’avais plus la sensation d’exister. Mais je devais faire semblant, semblant d’avoir du plaisir, semblant d’aimer ça. Meme si c’était dur, même si ça faisait mal. Sinon ils m’injuriaient: salope, connasse, me giflaient. Trois mois… Mon retour en France fut dur. Aujourd’hui j’ai envie de mourir.
Olivia
– Une femme se maquille, cache sa cicatrice. Dans un long couloir, elle marche lentement en boitant, s’arrête en regardant la rue. –
Je m’appelle Olivia, j’ai quarante-sept ans (47 ans). J’ai fait un AVC (Accident Cérébral Vasculaire) il y a plusieurs années. J’ai eu une vie heureuse, je me suis mariée tard. J’ai une fille qui a 25 ans aujourd’hui. Elle est difficile. Son père m’a quittée quand je suis tombée malade. Il a disparu, je n’ai plus eu de nouvelles. Je marche avec une canne, j’ai du mal à parler, j’ai une trachéotomie. C’est dur…si dur… J’ai du arrêter de travailler. Ma fille me reproche ma maladie. Elle dit que je suis bonne à rien, que je l’énerve, qu’elle est pas ma bonniche, que je l’exaspère. Depuis deux ans elle me frappe, elle cache mes cannes quand elle s’en va. Elle m’a pris mon portable. Je suis si seule. Mais que faire? C’est ma fille quand même…je l’ai mise au monde. La semaine dernière elle m’a tiré les cheveux si fort que je suis tombée. Je suis restée par terre longtemps. Je n’ose même pas en parler. Quand l’auxiliaire de vie est arrivée, je lui ai dit que j’avais glissé… et elle m’a dit euh… «Faites donc attention…Un jour vous vous casserez une jambe». Devant les autres, ma fille est très gentille: elle s’occupe de moi, elle est prévenante, elle me dit qu’elle ne veut plus que je sorte, que c’est dangeureux. On la croit. On dit que j’ai de la chance d’avoir une fille comme ça. Et l’autre jour pour se venger, elle a mis sa main sur mon tube de trachéotomie. Je pouvais plus respirer, j’étouffais. Ses yeux m’ont fait peur. Et elle m’a dit: «Quand est-ce que tu vas crever et me laisser vivre?». Le handicap ça rend fous les autres.
Claire
– Dans la rue, une canne, une femme aveugle. Chez elle, du bout des doigts elle cherche, elle trouve sa canne, elle sort à nouveau. –
Je m’appelle Claire, j’ai quarante-deux ans (42). Je suis aveugle. Je viens de me marier, je n’y croyais pas. Il m’a épousé malgré ma cécité. Il est si beau, je l’aime. Il est gentil, même si parfois il est autoritaire et impatient. Un jour, j’ai renversé mon verre de vin, sans faire exprès, sur la nappe qu’il m’avait offerte. Il est devenu fou furieux et m’a giflée. «Fais attention, salope!». C’est de ma faute, je suis aveugle. Je l’exaspère. Il s’est mis à me gifler chaque soir, en rentrant du travail. De plus en plus fort. «Cela t’apprendra à ne pas y voir!». J’ai répondu que ce n’était pas ma faute. Alors il s’est déchainé. Maintenant il me donne une quinzaine de gifles par jour. Il faut que je le trouve dans l’appartement, que je lui embrasse les pieds. Il veut que je sois soumise. Je ne comprends rien, je l’aime. Ses gifles, chaque soir, je m’y prépare. C’est devenu un rituel. Quand nous allons au restaurant, il est tellement tendre. Il me dorlote, je cache mes bleus sous un foulard. Mes collègues m’ont posé des questions. Je leur ai répondu: «Vous savez bien que je suis aveugle. Je me cogne, je ne fais pas assez attention». Je suis obligé de mentir, parce que je reste sous son emprise.
Anne
– Une jeune femme trisomique rentre chez elle, met une jolie robe et des bijoux. Elle regarde par la fenêtre. –
Je m’appelle Anne, j’ai vingt ans (20) et je suis triso (-mique). Ou disons idiote. Ou encore face de singe, baveuse. Et pourtant j’ai vingt ans et j’aime rire, manger et me promener, comme toutes les filles de mon âge. Je suis française et j’aime Chérif, il m’aime. Enfin…il m’aimait. Je suis parti “au pays”, comme il dit, avec lui. Et je me suis mariée là-bas. J’étais belle, dans mes vêtements traditionnels. La fête était magnifique, un conte de fées. Tout le monde m’entourait, me félicitait. Puis, je suis revenue en France. Là, tout a basculé. Je me retrouve enfermée, battue par le père de mon mari. Cet homme me tripote, me viole. Je ne peux rien dire. Il dit que je mens. Qui me croirait? Ou plutôt on fait semblant de ne pas me croire. Grace à notre mariage, mon mari va avoir ses papiers pour rester en France. Il me dit qu’après, il me jettera à la poubelle, qu’il déchirera mes papiers et qu’il me tuera. Il n’aura plus besoin de moi. Je suis trios (-mique), mais belle, battue, violée, parfois brulée avec des cigarettes. Il faut que je dise que j’aime Chérif sinon il me frappe. Il m’a cassé le bras cette semaine. Je suis à l’hôpital. Qui peut me sauver?
Solange
– Dans une chambre, une femme sans mains ni jambes se redresse dans son lit. Elle s’assoit avec difficultés dans son fauteuil électrique. Elle le déplace et sort de la pièce. –
Je m’appelle Solange, j’ai cinquante-deux ans (52). Je suis née sans bras ni jambes. Conséquence de la prise de Thalidomide par ma mère durant sa grossesse. Ce médicaments utilisé dans les années 50, 60 comme sédatif et anti-nauséeux. Il provoquait de grandes malformations congénitales. Je n’ai pas vraiment de souvenirs de la première partie de ma vie, de mon enfance ou de mon adolescence. Juste la sensation que c’était difficile et douloureux. J’étais en fauteuil roulant, je le suis toujours. J’avais des prothèses, j’en porte toujours. A vingt ans, j’ai rencontré Jean-Claude. Il avait vingt-cinq ans (25). J’étais ébloui par cet homme. Il ne me brusquait pas, il se montrait sympathique, attentif, gentil. Nous sommes tombés amoureux . Enfin…c’est ce que je pensais. Nous étions un vrai couple, mais quand nous faisions l’amour, c’était un peu difficile. Je lui appartenais, il faisait ce qu’il voulait, plus que moi, bien entendu. Et puis, un jour, j’ai dit non. Alors, l’enfer a commencé. Il me battait, m’alittait et puis il s’excusait, disant qu’il m’aimait. C’était infernal. Avec le temps, il est devenu de plus en plus brutal au quotidien. Il me frappait pour un oui, pour un non. Je me défendais comme je pouvais et lui me répétait «Tu ne connais pas la vie. On a été trop gentils avec toi». Et puis l’horreur est montée d’un cran. Il a remisé mon fauteuil roulant dans la cave, caché mes prothèses. Il me faisait tomber, me donnait des coups de pied quand j’étais au sol. Il hurlait: «Tu es à moi, je fais ce que je veux. Tu es mon sexe!». Et il a commencé à me violer plusieurs fois par jour. Je me suis vue morte. Aujourd’hui, je sors enfin de cet enfer. Je me reconstruis.
Partecipa
Commenti su Facebook
Commenta tramite Google+
Powered by Google+ Comments